Jessica Kain a obtenu son diplôme de l’IB en 2004 à l’International School of Los Angeles. Elle vit et travaille désormais dans le district de Mustang, au Népal, où elle est directrice fondatrice du Rosehips Center for Creative Learning (centre Rosehips pour l’apprentissage créatif) et de la fondation Marpha. La jeune femme est titulaire d’un diplôme universitaire de premier cycle en arts visuels en atelier et en anthropologie du Dartmouth College et d’un diplôme universitaire de deuxième cycle en sculpture et en médias enrichis de la Virginia Commonwealth University. Elle a également effectué une résidence à la Skowhegan School of Painting and Sculpture.
Quel parcours avez-vous suivi pour arriver là où vous en êtes aujourd’hui ?
Comment suis-je arrivée où j’en suis aujourd’hui ? C’est une longue histoire !
Je vis au Népal depuis cinq ans. Ici, dans un village baptisé Marpha, j’ai travaillé en collaboration avec des femmes des communautés locales pour lancer la fondation Marpha, une petite ONG créée dans le but de répondre au besoin exprimé de mettre en place une éducation de meilleure qualité. L’omniprésence du modèle d’enseignement traditionnel dans la région perpétue une culture d’apprentissage fondée sur la mémorisation, les notes, le classement et l’obéissance. Nos communautés ont fait état d’un manque de motivation chez les élèves et les enseignants, et se sont ouvertement demandé comment elles pouvaient changer cela. Nous les aidons à répondre à cette question en leur fournissant un cadre flexible qui leur permet d’explorer d’autres méthodes d’apprentissage à la fois centrées sur l’apprenant et adaptées à leur culture. Nous menons des recherches actives par l’intermédiaire de notre centre d’apprentissage de la petite enfance, des bibliothèques de la communauté, des résidences d’artiste et de cours extrascolaires consacrés à la langue anglaise, aux arts et à l’écologie.
Qu’est-ce qui vous a poussée à préparer le diplôme du Baccalauréat International ?
Après plusieurs années passées dans le système éducatif français, en raison d’un projet de longue date d’étudier en Europe, j’ai finalement décidé de rester aux États-Unis et j’ai eu le sentiment que l’IB était le programme le plus à même de me préparer au système universitaire américain. Il m’a également donné une chose que je recherchais désespérément à l’âge de 15 ans : la possibilité de faire davantage de choix. Le fait de pouvoir choisir moi-même mes matières et le niveau auquel j’allais les étudier m’a donné un sens développé de l’agentivité, ce qui a renforcé ma responsabilité et mon esprit critique à l’égard de l’apprentissage. J’ai également été séduite par la place centrale accordée au mémoire. J’adorais écrire et je détestais les examens. Je me suis dit que je pouvais réussir grâce aux différentes formes d’évaluation. Je suis très reconnaissante à l’IB de m’avoir permis de rester motivée à une période où j’aurais facilement pu me détacher de mon propre apprentissage. L’IB m’a préparée à rechercher, et plus tard à encourager, des environnements d’apprentissage que l’on peut qualifier d’inclusifs et de réfléchis, entre autres qualités.
De tous mes enseignants, du primaire à l’université, Mme Kuhl est celle qui m’a donné la formation la plus rigoureuse sur la façon d’exprimer et d’explorer mes interrogations.
Quel enseignant de l’IB vous a le plus influencée ?
De son programme jusqu’à sa tenue, Barbara Kuhl a été une véritable source d’inspiration pour moi. Mme Kuhl était mon enseignante d’anglais de l’IB, mais j’avais déjà suivi ses cours dans le premier et le deuxième cycle du secondaire. Elle reste aujourd’hui encore une personnalité éminente dans le panthéon des femmes qui m’ont inspirée. En tant qu’enseignante et formatrice, notamment, je me surprends souvent à penser « Que dirait Mme Kuhl ? » Lorsque je pense à son style de communication, les expressions « terre à terre » et « pince-sans-rire » me viennent à l’esprit. Elle possède les dons incroyables de la clarté et de l’humour, que j’ai toujours associés à la grâce. Ce sont ces qualités qui nous donnaient à nous, élèves, l’espace et la confiance nécessaires pour poser des questions qui élevaient à la fois nos débats en classe et nos parcours personnels de recherche. Je crois me souvenir qu’elle nous disait « Intéressant est un mot creux. » De tous mes enseignants, du primaire à l’université, Mme Kuhl est celle qui m’a donné la formation la plus rigoureuse sur la façon d’exprimer et d’explorer mes interrogations. Elle m’a enseigné la discipline. Or, c’est cette discipline qui m’a permis de donner un sens à mes passions.
Il n’est pas nécessaire de faire cavalier seul, tout le monde a besoin de conseillers et d’alliés.
Quels conseils donneriez-vous aux élèves de l’IB ?
Le meilleur conseil que je puisse leur donner est de faire preuve de zèle. La réussite commence avec la volonté de participer. S’il est important d’avoir de l’énergie et de l’entrain, j’ai aussi appris que les pauses étaient nécessaires. Quelle que soit l’activité que l’on entreprend, la meilleure stratégie consiste à vraiment prendre le temps d’observer. Peut-être vais-je m’attirer des ennuis en disant cela, mais pensez à prendre une année sabbatique. Quoi d’autre ? Cherchez des mentors : demandez-leur de vous aider et parlez-leur de vos interrogations. Il n’est pas nécessaire de faire cavalier seul, tout le monde a besoin de conseillers et d’alliés. Enfin, lisez s’il vous plaît ! Lisez beaucoup. Passez du temps au contact de communautés différentes. Faites preuve de compassion quand vous communiquez. Écoutez activement. Remettez en question vos a priori. Interrogez-vous sur vos privilèges. Et n’oubliez jamais de passer le correcteur d’orthographe lorsque vous écrivez, de répondre à vos courriels en temps voulu et de rester en contact avec vos proches. Bonne chance !